Le complexe de celui qui ne sait pas questionner

ou le récit de la sortie d’Egypte à l’épreuve de la paternité

par Chlomo Éric Stora

Pourquoi dans le texte du récit de la sortie d’Egypte lu le soir de la Pâque juive appelé «Hagadah»,  à la différence des trois  autres enfants évoqués également dans ce texte, l’intelligent, l’impie et le naïf, le cas de « Celui qui ne sait pas questionner » (en hébreu « eno yodea lichol ») est le seul pour lequel l’interlocuteur cessera étonnamment d’être « ata » qui désigne en hébreu le « toi » masculin, ici le père, pour être remplacé par « at' » qui désigne en hébreu le « toi » féminin ?

Le texte juif, la Torah et le Talmud, attribue l’obligation de procréer et d’avoir une descendance au père et pas à la mère de sorte qu’il peut exister une obligation d’être père mais pas d’être mère qui vient qualifier l’homme par la paternité. Il est manifeste que Freud ignorait un tel enseignement.

Dès lors, comment concevoir à la lumière de ce savoir, le paradoxe représenté par cette loi bien connue selon laquelle la transmission de l’identité juive s’effectue en référence à la judaïté de la mère ?

Et de la confrontation de ces questions, il résulte une conséquence clinique dont les psychologues et les psychanalystes font régulièrement l’expérience dans leur pratique, à savoir qu’il n’est pas rare que dans le discours des patients, le père ait été substitué par le grand-père maternel comme référence généalogique.

En articulant rigoureusement ces enseignements, ce n’est pas tant à la clinique des névroses qu’à la clinique des psychoses (qui désigne scientifiquement la folie) que l’enseignement freudien se trouve déplacé et le lecteur par là même convoqué, à devoir reconsidérer cet enseignement à la lumière du discours juif sur la filiation qu’actualise le montage juif sur le père.

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